Spotlight : Sound Bites

Coronation Sound Bites, Louise Campbell

Imaginez une grande pièce : un plancher en béton, un plafond bas de carreaux, des murs de plâtre, des tables entourées de tabourets, un mur de frigos industriels et une cuisine commerciale. Vous entendez également des sons : les bourdonnements, vrombissements et claquements métalliques d’une cuisine. Imaginez la même pièce remplie d’une centaine d’enfants en train de manger. L’efficacité de la salle et l’enthousiasme qui y règne sont louables et les niveaux sonores sont impressionnants. Sous le chapeau du programme « Une école accueille un artiste », je suis ravie de faire partie de « Sound Bites », un projet visant à réduire les niveaux sonores de cette pièce, la cafétéria de l’école primaire Coronation.

À bien des égards, une cafétéria ressemble à un restaurant ou à un bar. On y trouve beaucoup de monde dans un espace fermé et beaucoup de bruit de fond. Les gens parlent fort pour être entendus, ce qui fait en sorte que les autres parlent plus fort à leur tour. En réfléchissant avec Shelly Sharp, professeure de sciences et artiste en arts visuels, nous avons posé les questions suivantes :

« Comment le son affecte-t-il notre bien-être ? Que pouvons-nous faire en tant qu’artistes, élèves et adultes pour comprendre le son et avoir un impact positif sur la qualité et le volume du son à la cafétéria de l’école primaire Coronation ? »

Ces questions entrent parfaitement dans le cadre de l’approche STEAM (Science, technology, engineering, arts, mathematics), le son permettant d’aborder des enjeux reliés à la conscience, à l’expression de soi, au comportement, aux dynamiques de groupe et à l’acoustique. Dans leur cours de science, les enfants avaient déjà étudié les molécules et le transfert d’énergie. Ils pouvaient donc baser leur apprentissage de l’acoustique et du comportement des ondes sonores sur leurs connaissances antérieures.

En utilisant des billes pour modeler les ondes sonores, l’expérience suivante permet d’améliorer la compréhension de la réflexion, de l’absorption et de la dispersion du son, et de l’acoustique d’une pièce en général.

Matériel :
• 3 billes
• 3 matériaux différents de dimensions similaires (p. ex. du bois, de la mousse viscoélastique, du carton ondulé)
• 1 mètre à ruban

Expérience :
Placez les matériaux contre un mur. Marquez un endroit sur le sol pour tirer les billes, en gardant la même distance entre la marque et les matériaux. Propulsez une bille sur chacun des matériaux, en laissant chaque bille s’arrêter après qu’elle frappe la cible. Mesurez et enregistrez la distance atteinte par la bille. Faites l’analyse des données en fonction de l’âge de vos élèves.

Discussion :
Demandez aux élèves de faire des observations :
• De quelle façon la bille a-t-elle rebondi sur les matériaux ?
• Quelles étaient les similitudes et les différences entre les rebondissements ? Qu’est-ce qui pourrait expliquer ces observations ?
• Quels sont les liens entre l’expérience et les caractéristiques sonores :

– de la pièce dans laquelle vous vous trouvez actuellement ?
– d’un environnement calme comme une bibliothèque ?
– d’un environnement bruyant comme une cafétéria ?

Cette expérience nous a permis de discuter du son de manière pratique. En cours de musique, nous avons écouté les sons de la cafétéria d’une oreille très attentive…

Il était une fois…

Pierre et le loup est un simple conte de fées. Mais ce n’est peut-être pas aussi simple qu’on pourrait le croire. Les contes de fées sont issus de traditions et de cultures de partout dans le monde. Ils racontent des histoires sur la vie quotidienne afin de divertir et d’enseigner des leçons de vie, des valeurs, de la culture et de l’histoire. Comme toutes les histoires, la personne qui raconte l’histoire, les gens à qui elle est racontée et les raisons pour lesquelles on la raconte sont tout aussi importants que l’histoire elle-même. Comment présenter Pierre et le loup aux enfants d’aujourd’hui ? CLIQUEZ ICI pour consulter le guide pédagogique que j’ai rédigé pour l’Orchestre symphonique de Montréal, qui propose des idées de jeux, des suggestions pour faciliter la médiation culturelle et l’acquisition de compétences transversales et plus encore

Jeux de cercle

Mon dernier billet posait la question suivante : quelles stratégies peut-on utiliser en musique créative pour se concentrer sur l’exploration des possibles plutôt que sur les erreurs? Pour reprendre une expression actuellement très tendance chez les pédagogues et les technologues, ma tâche principale consiste à « stimuler le développement de l’état d’esprit de développement (growth mindset) », que ce soit en tant qu’artiste en milieu scolaire ou comme facilitatrice de musique communautaire avec des participant·e·s de tous les âges. Mon premier contact avec mes nouveaux groupes se fait en musique. Le jeu de cercle que je propose nous fait effectivement multiplier les « allô… allôô… allôôô… llôôô… llôôôôô… »

Les jeux de cercle sont basés sur des principes tout simples : la répétition et la variation. D’abord, formez un cercle. Ensuite, jouez à « répétez après moi » : j’émets un son que tout le monde répète en groupe. La tâche ne consiste pas à reproduire avec exactitude le son du·de la chef. Elle consiste plutôt à produire un son similaire à celui du·de la chef. Commencez avec des sons simples. Faites quelques folies, pour faire bonne mesure. L’humour maintient la légèreté, développe l’écoute, ouvre l’esprit des gens quant à ce qui « se fait », et aide le groupe à passer de l’opposition des bonnes réponses aux mauvaises à une simple exploration ludique du son.

Une fois que tout le monde est à l’aise et comprend la consigne, vous êtes prêt·e·s à jouer à un jeu de cercle. En voici un exemple simple :

Jeux de cercle, par Louise Campbell

Assis ou debout, formez un cercle. Une personne produit un son sur une respiration complète. Lorsque vous entendez la personne à votre gauche produire un son, rajoutez votre son au sien, en l’imitant à votre manière.

Ce jeu de cercle est un excellent moyen d’encourager l’écoute. J’ai participé à des cercles de 3 à 60 personnes; côté instrumentation, toute une gamme d’options a été explorée, d’une instrumentation standard à un joyeux bordel d’objets sonores quelconques trouvés et contribués par les participant·e·s. La magie se met à opérer quand tout le monde s’écoute et participe de façon enjouée au cercle, qui développe son propre son et son propre rythme. Pour donner suite à cette introduction, le prochain article proposera des façons d’entretenir des conversations sonores approfondies.

 

Notes de mes cours de tricot

« Si tu fais une erreur, fais-en une deuxième. Comme ça, les gens penseront que tu as fait exprès. Ils ne se douteront de rien si tu ne leur dis pas! »

Photo credit: Ben Hosking

Voilà ce que me conseillait ma grand-mère lorsqu’elle m’apprenait à tricoter. Le tricot est parmi les choses les plus difficiles que j’aie jamais apprises, et ma tendance générale est de m’en tenir aux grandes lignes des consignes plutôt que de les suivre au pied de la lettre. Grand-maman et moi avons ainsi passé plusieurs séances de tricot hilarantes à transformer nos erreurs en « éléments de conception ». Ses paroles me sont revenues au moment où j’enregistrais l’ébauche d’un open score pour un ami collègue. Elles sont aussi d’une pertinence magnifique lorsqu’on fait de la musique créative avec des amateurs.

Que ce soit pour le tricot ou la musique, je préfère recevoir des consignes générales claires plutôt que des détails à n’en plus finir. Voilà pourquoi j’écris des open scores permettant une bonne marge de manœuvre à l’interprète. C’est avantageux lorsqu’on travaille avec des loopers, puisque chaque nouveau loop est (un peu ou très) différent du dernier. Quand je me suis installée pour enregistrer cette ébauche pour mon collègue, j’avais un plan – une liste de sections avec des choix de notes et des procédés correspondants.

Attention… on tourne!

Ébauche de Knitting Lessons, pour clarinette et loop station

Tout se passe à merveille, jusqu’à ce que :

MOI QUI ME PARLE : Zut. J’ai fait une erreur. (elle écoute quelques loops à 1 m55 s et se remémore les conseils de tricot de grand-maman)

Hummm, c’est pas pire, en fait – ça annonce en quelque sorte ce que je compte faire plus tard. (elle poursuit le procédé désigné pour cette section avec la construction d’un nouveau loop)

Alors maintenant, il faudrait intégrer cette erreur… (elle fait de la claquette sur les loopers de 2 m 35 s à 2 m 50 s)

… ouais, cool, ça marche…

Oups! En fait, j’avais autre chose en tête. (elle écoute la nouvelle « erreur » à 2 m 50 s)

À vrai dire, c’est cool, ça. Je me demande si je peux m’en servir… (elle complète le procédé)

S’il y a bien une chose que j’ai apprise grâce au looping, c’est que les événements inattendus sont tout aussi intéressants, sinon plus, que ce ceux qui étaient prévus. Les deux « erreurs » que comprennent cet enregistrement n’étaient pas intentionnelles, mais elles en sont devenues des « éléments de conception » et, en bout de ligne, elles se sont carrément retrouvées dans la partition finale. Si je m’étais arrêtée après avoir commis la première erreur, je n’aurais jamais su à quoi elle me mènerait.

Voilà comment les conseils de tricot de grand-maman me sont utiles lorsque je fais de la musique créative avec musicien·ne·s amateur·rice·s. Le moyen le plus efficace d’inhiber la créativité et l’inspiration, c’est d’adopter une approche qui oppose les bonnes réponses aux mauvaises. Parfois, certaines erreurs sont réellement des erreurs; dans ce cas-là, il est important de s’en occuper à la source (je viens de découvrir la provenance de cette satanée distorsion grésillante…). Quelles stratégies peut-on employer pour organiser une activité de musique créative où on ne cherche pas systématique à identifier les erreurs, et où on suppose que celles-ci sont riches en potentiel? J’y réfléchirai plus longuement dans les prochains articles de blog. Bonne rentrée, tout le monde!

 

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